Illuminé – L’Univers des Bouddhas

Intro

Illu­miné L’univers des bouddhas À partir du 20.11.2020

Le Bouddha assis sur le trône de lotus est l’une des représentations du bouddhisme les plus anciennes et les plus connues à ce jour. Sur son chemin, passant du statut de prince à celui de fondateur de la religion, le Bouddha Shakyamuni a exploré l’origine et le dépassement de toute souffrance.

Croyants bouddhistes dans un temple en Thaïlande © Peter Thiele, Berlin

À l’heure actuelle, plus de 380 millions de personnes se disent bouddhistes. Dans certains pays, comme la Thaïlande, le bouddhisme est la religion majoritaire. Les images du Bouddha se trouvent partout dans le monde et jouissent d’une très grande popularité.

Bouddha Shakyamuni en prince, Tibet, XVIe s. Métal, doré à chaud, pierres semi-précieuses © Museum der Kulturen Basel, IId 13889, collection G.W. Essen, achat 1998

Le modèle de cette statue se trouve dans le temple Jokhang à Lhassa, au Tibet. C’est une représentation rare du Bouddha Shakyamuni en prince : il porte les bijoux et la précieuse robe d’un souverain. Cependant, l’expression paisible de son visage reflète une intériorité et est un signe de contemplation méditative.

Bouddha Shakyamuni, Sri Lanka © Peter Thiele, Berlin

Jusqu’à aujourd’hui, l’enseignement bouddhiste est vivant et de nouvelles images du Bouddha sont réalisées. Aujourd’hui, chacun ou presque sait à quoi ressemble un bouddha. Quelle est la signification et la fonction des représentations de bouddhas ? Qui était Bouddha et quel est son message ? Les images du Bouddha témoignent de l’apparition et de la diffusion des enseignements bouddhistes jusqu’à nos jours.

Taibai demanda un jour à Baso : « Qu’est-ce que Bouddha ? »
Baso répondit : « L’esprit lui-même est Bouddha. »

Le bouddhisme sans Bouddha ?

Le boud­dhisme sans Bouddha ?

Buddhapada Peter Thiele, Berlin

L’empreinte des pieds du Bouddha symbolise sa présence. Dans les premiers siècles après la mort du Bouddha historique, à partir du IIIe siècle environ avant notre ère, son enseignement était représenté par des symboles. En effet, il avait placé ces symboles au centre et avait refusé que sa personne soit vénérée. La représentation du Bouddha par des symboles est appelée la phase aniconique de l’art bouddhiste.

Selon la tradition, Siddhartha Gautama, qui reçoit le titre honorifique de Bouddha Shakyamuni après son illumination, est né prince à Lumbini, dans la région frontalière des actuels États de l’Inde et du Népal. Il grandit dans le palais de son père à Kapilavastu ; jeune homme, il le quitte pour explorer les causes de la souffrance. Après une longue méditation, il atteint l’illumination à Bodhgaya. Il donne son premier enseignement sur l’origine et le dépassement de la souffrance dans la ville indienne de Sarnath et meurt de vieillesse à Kushinagara, entouré de gens qui le vénéraient.

L’arbre de l’illumina­tion

49 jours – c’est la durée que passe Siddhartha Gautama à méditer sous un arbre pour atteindre l’illumination.

Dans sa quête de l’origine de la souffrance, Siddhartha Gautama s’est joint à divers ascètes de son époque. Il s’essaya aux exercices de renoncement et d’abstinence qu’ils recommandaient jusqu’à être presque mort de faim. Physiquement et mentalement affaibli, il réalisa alors que seuls une méditation intense et un chemin entre les extrêmes mènent à la plus haute connaissance de la libération de la souffrance.

L'arbre de l'Illumination avec le trône vide rappelle le Bouddha Shakyamuni © Biswarup Ganguly, Œuvre propre, via Wikimedia Commons, CC BY-3.0, fragment d'image

Le présent relief, qui provient de la ville indienne de Mathura, montre le trône vide du Bouddha sous un figuier des pagodes. L’image représente le moment de son illumination, bodhi. Celle-ci se caractérise par la libération du désir, de la haine et de l’ignorance. Siddhartha Gautama devient le Bouddha Shakyamuni, le sage de la famille princière Shakya. Il sillonna ensuite le nord de l’Inde et transmit ses connaissances sur l’origine de la souffrance et sur la manière d’y mettre fin. Le nombre de ses adeptes ne cessa de croître et les premiers ordres de moines et de moniales apparurent. Shakyamuni les encouragea à ne pas se contenter de suivre ses idées, mais à les soumettre à un examen minutieux.

« Un homme accompli ne croit pas qu’il doit nécessairement diriger un ordre, ou que l’ordre dépend de lui. Donc, que l’enseignement soit votre île, qu’il soit votre refuge !»

Buddha Shakyamuni, Digha-Nikaya 16 Cité dans : Dhammapada – Die Weisheitslehren des Buddha, 2005 (1998), Freiburg, Basel, Wien : Herder, citation abrégée

La roue de l’enseigne­ment

C’est dans un parc aux gazelles à Sarnath, dans le nord de l’Inde, que le Bouddha présenta ses connaissances pour la première fois. Ce fut le point de départ de la roue de l’enseignement bouddhiste.

Entrée de l’« Institut tibétain », monastère bouddhiste © Tibet Institute Rikon

L’ « Institut tibétain de Rikon », monastère bouddhiste près de Winterthour, est le centre spirituel de la plus grande communauté tibétaine en exil d’Europe. La roue qui surplombe l’entrée est flanquée d’un couple de gazelles – en souvenir du premier enseignement du Bouddha.

La roue de l’enseignement, le dharmachakra , représente à la fois le bouddhisme lui-même et le chemin qui conduit hors du cycle des renaissances, perçu comme douloureux. La base de l’enseignement, le dharma , est constituée
des « quatre nobles vérités ».

C’est la souffrance.
C’est une cause de la souffrance.
C’est une cessation de la souffrance.
C’est un chemin vers la cessation de la souffrance.

Buddha Shakyamuni Cité dans : Das grosse Erleuchtungsbuch des Buddhismus, 2003, Fribourg : Herder, citation abrégée

Selon la compréhension bouddhiste, tous les êtres vivants passent par de nombreuses renaissances. Les actions et attitudes de la vie précédente, le karma, définissent le type de renaissance. L’objectif est de quitter définitivement le cycle des renaissances, le samsara . Après la mort du Bouddha, les enseignements qu’il avait transmis oralement ont été recueillis par des moines expérimentés et discutés lors de diverses réunions. Ils ont été rédigés à la main pour la première fois au Ier siècle av. J.-C. La roue de l’enseignement est toujours en mouvement aujourd’hui et sa signification symbolique reste intacte.

Roue de l’enseignement à huit rayons © Christopher J. Fynn, Œuvre propre, Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0, fragment d'image, couleurs changées

Les huit rayons symbolisent le « Noble Chemin octuple » permettant de surmonter la souffrance. Ce chemin est un guide de vie consciente et de formation spirituelle pour les laïcs, les moines et les moniales.

Un monument de l’illumina­tion

Monument circulaire, le stupa est un reliquaire destiné à recevoir les restes humains considérés comme sacrés. Il crée un lien entre le monde physique et le monde spirituel.

stupa , Sri Lanka, avant 1898 IIa 30a+b, collection P. u. F. Sarasin, don 1898 © Museum der Kulturen Basel

Après la mort du Bouddha, ses cendres, os et dents ont été dispersés sur plusieurs tumulus. Le stupa s’est développé à partir de ces tumulus : un carré contenant les reliques repose sur un socle rond ou sphérique. Le stupa s’achève par une pointe pourvue d’une couronne. Au fil des siècles, on a érigé en Asie de plus en plus de bâtiments destinés à la conservation de reliques bouddhistes. Jusqu’à aujourd’hui, ce sont des lieux de pèlerinage importants.

© Peter Thiele, Berlin

stupa à Sarnath, Inde

© Silvia Greber, Zürich

chörten dans le Buddhistisches Zentrum Zurich, Suisse

© Peter Thiele, Berlin

chörten dans le Kharabandi monastère, Bhoutan

© Peter Thiele, Berlin

pagode vernissée dans le parc Xiangshan, Pékin, Chine

© Peter Thiele, Berlin

tzatzas en forme de stupa dans l'Himalaya

© Halavar, Œuvre propre, via Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0, fragment d'image.

La pagode Shwedagon à Rangoon, Myanmar

© Peter Thiele, Berlin

stupas du complexe de temples de Borobudur, Java, Indonésie

© Peter Thiele, Berlin

pagode à Bagan, Myanmar

© Peter Thiele, Berlin

stupa à Sarnath, Inde

© Silvia Greber, Zürich

chörten dans le Buddhistisches Zentrum Zurich, Suisse

© Peter Thiele, Berlin

chörten dans le Kharabandi monastère, Bhoutan

© Peter Thiele, Berlin

pagode vernissée dans le parc Xiangshan, Pékin, Chine

© Peter Thiele, Berlin

tzatzas en forme de stupa dans l'Himalaya

© Halavar, Œuvre propre, via Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0, fragment d'image.

La pagode Shwedagon à Rangoon, Myanmar

© Peter Thiele, Berlin

stupas du complexe de temples de Borobudur, Java, Indonésie

© Peter Thiele, Berlin

pagode à Bagan, Myanmar

© Peter Thiele, Berlin

stupa à Sarnath, Inde

© Silvia Greber, Zürich

chörten dans le Buddhistisches Zentrum Zurich, Suisse

© Peter Thiele, Berlin

chörten dans le Kharabandi monastère, Bhoutan

© Peter Thiele, Berlin

pagode vernissée dans le parc Xiangshan, Pékin, Chine

© Peter Thiele, Berlin

tzatzas en forme de stupa dans l'Himalaya

© Halavar, Œuvre propre, via Wikimedia Commons, CC BY-SA 4.0, fragment d'image.

La pagode Shwedagon à Rangoon, Myanmar

© Peter Thiele, Berlin

stupas du complexe de temples de Borobudur, Java, Indonésie

© Peter Thiele, Berlin

pagode à Bagan, Myanmar

stupa à Sarnath, Inde

Selon le pays, le reliquaire porte un nom différent : stupa en Inde, dagoba au Sri Lanka, paya à Myanmar, chedi en Thaïlande, ta en Chine, to au Japon ou chörten au Tibet. Le mot « pagode » est un terme collectif commun utilisé en Asie de l’Est et du Sud-Est.

Un moine demanda à Maître Tozan :
« Qu’est-ce que
Bouddha ? »
Tozan répondit :
« Trois livres de lin. »

Un visage humain pour Bouddha

Un visage humain pour Bouddha

Tête d’un bouddha, Gandhara, sans doute IIIe / IVe s. Calcaire © Museum der Kulturen Basel, IIa 667, collection A. Sarasin-Iselin, don 1934

Les premières représentations humaines de Bouddha apparaissent au début de notre ère, parallèlement aux premières images de personnes et de divinités vénérées dans les autres religions du monde. C’est le début de la phase iconique de l’art bouddhiste.

Aux IIe et IIIe siècles, Mathura devint un centre politique et culturel dans le nord de l’Inde. Outre le commerce avec des pays lointains, les souverains kushans firent la promotion de l’art et des religions dans leur empire. Des échanges intenses et un langage iconographique se développèrent alors, ce qui marqua durablement tant les débuts de l’art hindou que de l’art bouddhiste.

La région du Gandhara, dans la zone frontalière des actuels États du Pakistan et de l’Afghanistan, était reliée à l’espace méditerranéen par le commerce transcontinental entre l’Asie et l’Europe. Ce commerce florissant attira de nombreux artisans qui réalisèrent une multitude d’images, favorisant ainsi la diffusion de l’art bouddhiste.

La première représentation de Bouddha

On ne sait pas exactement où a été réalisée la première représentation du Bouddha historique. Tandis que les artistes du Gandhara intégraient des éléments européens dans leurs œuvres, ceux de Mathura en Inde s’appuyaient sur des modèles de l’art du sud de l’Asie.

  • Oval Copy
    Buddha Shakyamuni, Mathura, IIe s. © Linden-Museum, Stuttgart

    Le Bouddha de Mathura combine les éléments d’un ascète avec ceux d’un Cakravartin, un souverain du monde. Ainsi naît le portrait idéalisé d’un être humain parfait avec le charisme d’un être illuminé. Le regard dirigé vers le spectateur est un trait caractéristique des premières représentations.

    Oval Copy
  • Oval Copy
    Bouddha Shakyamuni, Gandhara, IIIe/IVe s. IIa 11491, collection G. u. M. Kinzel, legs 2006 © Museum der Kulturen Basel

    Le Bouddha du Gandhara combine des éléments de l’art grec et proche-oriental avec un contenu bouddhiste : la courbure de la tête, symbole de la sagesse issue de l’illumination, évoque le chignon des statues antiques, l’auréole souligne la grandeur spirituelle du Bouddha. Les traits du visage rappellent les dieux grecs de l’Antiquité, tout comme le drapé de la robe.

    Oval Copy
  • Oval Copy

    Relations interreligieuses

    Le Bouddha Shakyamuni avec les dieux indiens Brahma et Indra © L'Art Institute of Chicago, CC0 Public Domain Designation, fragment d'image

    Le présent relief représente le Bouddha Shakyamuni, vénéré par les divinités indiennes Brahma et Indra. On dit qu’elles auraient assisté à la naissance du Bouddha et qu’elles auraient vénéré cet enfant extraordinaire en lui offrant des cadeaux. Un lien étroit existait entre le bouddhisme et les premières religions indiennes – et ce, pas seulement sur le plan artistique. De nombreux concepts de cette époque ont été repris ou réinterprétés par le bouddhisme, comme la loi de cause à effet de tout acte, à savoir le <i>karma</i>, et l’idée d’un cycle de renaissances, en l’occurence le <i>samsara</i>. Les prêtres – les brahmanes – se trouvaient au cœur des rituels sacrificiels hindous. Ils revendiquaient un rôle de médiateur entre les hommes et les divinités. Les instructions bouddhistes, pour leur part, étaient diffusées dans les langues locales. Les enseignements évitaient l’exclusivité et étaient ouvert à tous ceux qui s’y intéressaient.

    Oval Copy

Qu’est-ce qui fait du Bouddha un bouddha ?

Dans le sud de l’Asie, un langage visuel s’est développé au fil des siècles ; aujourd’hui encore, il est employé lors de la réalisation de représentations du Bouddha. Outre les représentations figuratives, les symboles bouddhistes conservent leur validité.

Les textes transmis décrivent au total 32 grandes et 80 petites caractéristiques d’un bouddha. Ils le considèrent comme un mahapurusha , un grand homme. Les artistes de l’époque ont tenu compte de certaines de ces caractéristiques et ont créé l’image idéalisée d’un être illuminé. Ce modèle a fusionné avec les traditions artistiques locales des régions respectives.

Bouddha Bhaishajyaguru, Tibet, XVIIIe s. IId 13900, collection G.W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Les différents gestes de la main, les mudras , expriment différentes caractéristiques ou actions du Bouddha. La plupart des représentations du Bouddha assis soulignent son caractère méditatif ; lorsqu’il est représenté en position debout, il exprime le dynamisme et l’accueil.

Sri Lanka, avant 1891, IIa 160, collection P. et F. Sarasin, don 1898 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de l’enseignement et de l’argumentation, la vitarka mudra .

Tibet, Xe/XIe s., IId 13890, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de la protection et du réconfort, l’abhaya mudra

Thaïlande, avant 1930, IIb 311, collection R. Eisenhofer, achat 1930 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de la double protection, l’abhaya mudra

Sri Lanka, avant 1891, IIa 160, collection P. et F. Sarasin, don 1898 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de l’enseignement et de l’argumentation, la vitarka mudra .

Tibet, Xe/XIe s., IId 13890, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de la protection et du réconfort, l’abhaya mudra

Thaïlande, avant 1930, IIb 311, collection R. Eisenhofer, achat 1930 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de la double protection, l’abhaya mudra

Sri Lanka, avant 1891, IIa 160, collection P. et F. Sarasin, don 1898 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de l’enseignement et de l’argumentation, la vitarka mudra .

Tibet, Xe/XIe s., IId 13890, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de la protection et du réconfort, l’abhaya mudra

Thaïlande, avant 1930, IIb 311, collection R. Eisenhofer, achat 1930 © Museum der Kulturen Basel

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de la double protection, l’abhaya mudra

Bouddha Shakyamuni faisant le geste de l’enseignement et de l’argumentation, la vitarka mudra .

« Ceux qui pratiquent la foi intériorisent l’image du Bouddha en regardant d’abord l’image, puis en la transformant en une sorte d’image mentale. Ensuite, le croyant réfléchit aux caractéristiques du Bouddha – son corps, ses paroles et son esprit. »

Thupten Jinpa, chercheur spécialiste des religions, longtemps traducteur du 14e dalaï-lama Cité dans : McGregor, Eine Geschichte der Welt in 100 Objekten, München : C.H. Beck 2017 (2011)

Wu-tsu dit : « Si, sur ton chemin, tu rencontres un maître du chemin, il ne faut lui répondre ni par des paroles, ni par le silence. Dis : alors, comment vas-tu lui répondre ? »

Voies du bouddhisme

Voies du boud­dhisme

Temple Mahabodhi à Bodhgaya (Inde), lieu de différentes orientations bouddhistes Photo de chaostrophy

Le bouddhisme n’est pas une religion avec un dogme valable pour tous. Au cours de son histoire, différents courants sont apparus. Ils ont tous en commun de vouloir atteindre l’illumination, mais les moyens pour y parvenir divergent.

Depuis l’Inde, le bouddhisme s’est étendu vers le sud et a atteint le Myanmar, la Thaïlande et Java via le Sri Lanka, par voie maritime. Jusqu’à aujourd’hui, le bouddhisme Theravada, « l’enseignement des Anciens », y est prédominant. Depuis le Ier siècle, l’enseignement bouddhiste a également migré vers le nord, en Chine, en Corée et au Japon, via les routes du commerce et des pèlerinages.

Dans ces pays de la route du nord, c’est aujourd’hui le bouddhisme Mahayana, le « Grand Véhicule », qui est très répandu. Le bouddhisme s’est implanté dans les pays de l’Himalaya à partir du VIIIe siècle. Le Tibet, le Népal, le Bhoutan et la Mongolie pratiquent l’orientation bouddhiste Vajrayana, le « Véhicule du Diamant » ; cette orientation a aussi été partiellement reprise en Chine et au Japon.

« L’enseignement n’est qu’un véhicule, un moyen de décrire la vérité. Ne le prenez pas pour la vérité elle-même. »

Les enseignements du Bouddha historique Cité de : Thich Nhat Hanh, Wie Siddhartha zum Buddha wurde, 1992, München: Theseus

Theravada – la doctrine des Anciens

Le Theravada est la plus ancienne branche du bouddhisme. Il s’appuie sur les instructions du Bouddha.

« Que le moine s’emploie, avec clarté et conscience, à être persévérant et
attentif ; ceci est pour vous, moines, notre commandement. »

Les enseignements du Bouddha historique Cité de : Reden des Buddha, 2008 (1957), Stuttgart : Reclam

Outre les enseignements du Bouddha, le canon pali contient les règles de l’ordre et les commentaires explicatifs des disciples du Bouddha. Il constitue jusqu’à nos jours la base de la doctrine Theravada. Elle est portée par la communauté des moines et des moniales, le sangha . Le renoncement matériel, la méditation et l’abstinence jouent un rôle central dans la pratique qui doit conduire à l’objectif de l’illumination.

Bouddha et moines faisant l’aumône, Wat Dhaukanong, Thaïlande, avant 1962 IIb 2129, coll. T. Meier, achat 1962 © Museum der Kulturen Basel

Selon le Theravada, chaque être humain doit atteindre l’illumination par ses propres efforts. Les seuls outils sont le Bouddha en tant qu’exemple humain et son enseignement. En surmontant en permanence les poisons mentaux de la cupidité, de la haine et de l’ignorance et par une pratique intensive de la méditation, le pratiquant peut, après de nombreuses renaissances, atteindre l’illumination de son vivant et devenir ainsi
un arhat , une personne « digne ».

Bouddha Shakyamuni, Thaïlande, avant 1950 Métal jaune © Museum der Kulturen Basel, IIb 1634, collection L. Paravicini, don d’un legs 1951

Le Bouddha Shakyamuni est assis en position de méditation sur le trône de lotus. Avec le geste de sa main droite, il demande à la déesse de la Terre de témoigner qu’il a atteint l’illumination. Le signe qui l’indique est une petite flamme visible sur sa tête. Comme Bouddha Shakyamuni est le modèle de la pratique spirituelle dans le Theravada, les représentations de sa personne ou d’événements de sa vie sont prédominantes dans l’art bouddhiste de l’Asie du Sud-Est.

  • Oval Copy

    Bouddha et le roi des Serpents

    Bouddha sur le trône de serpents, Thaïlande, XVIe/XVIIe s. IIb 1523, collection F. Sarasin, don 1940 © Museum der Kulturen Basel

    Au cours d’une tempête d’une semaine, Mucalinda, le roi des Serpents, vint au secours de Bouddha : il l’entoura pour le protéger de la pluie et du froid. Il dressa ses sept têtes derrière lui et le protégea de l'eau avec la peau étendue de son cou. Selon la tradition, il s’agit d’un épisode de la vie du Bouddha.
    Ce motif se répandit en Asie du Sud-Est dès le VIIe siècle et devint l’une des plus importantes représentations du Bouddha : les nagas, créatures serpentines, font partie des mythes locaux non-bouddhistes, ce qui leur a permis de trouver leur place dans l’art bouddhiste.

    Oval Copy
Entrée du Bouddha au parinirvana , Thaïlande, avant 1937 IIb 839, collection P. Wirz, achat 1937 © Museum der Kulturen Basel

Selon le bouddhisme Theravada, le Bouddha a déjà atteint de son vivant le nirvana , la joie ultime, la paix et la libération du cycle des renaissances par l’illumination. À sa mort, il est entré dans le parinirvana , la fin de l’existence physique, et a donc définitivement quitté le cycle des renaissances, le samsara . La distinction entre le nirvana et le parinirvana est une particularité du Theravada.

parinirvana du Bouddha au temple Gal Vihara, Sri Lanka © Peter Thiele, Berlin

Mahayana – le Grand Véhicule de la compassion

Le bouddhisme Mahayana s’est établi au début de notre ère. Il réinterprèta des idées et valeurs bouddhistes plus anciennes. Sur le chemin de la libération, la compassion – karuna – et la sagesse – prajna – devinrent centrales.

« Tout le bonheur du monde vient
du désir du bonheur d’autrui.
Toute la misère du monde vient
du désir de notre propre bonheur. »

Santideva Cité de : Geshe Wangyal, Tibetische Meditationen, 1991 (1973), Zürich : Theseus

Selon le Mahayana, chaque être vivant porte en lui la graine de l’illumination. Celle-ci est simplement recouverte par de multiples émotions, les « poisons mentaux » que sont la cupidité, la haine et l’ignorance. Ils lient l’être humain au samsara . Dans le Mahayana, l’illumination n’est plus réservée aux moines, comme dans le Theravada, mais est ouverte à tous.

Bouddha Shakyamuni, Chine, avant 1908 IId 433, collection inconnue, achat 1908 © Museum der Kulturen Basel

Les bodhisattvas, des êtres qui ont atteint l’état d’éveil et incarnent une compassion infinie, constituent une particularité du Mahayana. Ils sont généralement représentés dans des vêtements somptueux et richement parés de bijoux. Les bodhisattvas renoncent à leur propre entrée dans le nirvana, afin d’encourager et de guider d’autres êtres sur le chemin de la connaissance ultime. Selon la compréhension propre au Mahayana, cette attitude altruiste est l’une de ses caractéristiques essentielles, par opposition au Theravada.

Bodhisattva Avalokiteshvara, Tibet, XVe s. Métal jaune, traces de couleurs © Museum der Kulturen Basel, IId 13927, collection G.W. Essen, achat 1998

Le bodhisattva le plus célèbre est Avalokiteshvara. Il est l’incarnation de la compassion par excellence. D’après la légende, il fut si affecté par la misère et la souffrance du monde que sa tête éclata en mille morceaux. Son père spirituel, le Bouddha Amitabha, recolla les morceaux pour en faire dix têtes. Il plaça sa propre tête au sommet. Avec ses nombreux yeux, Avalokiteshvara est capable de voir toutes les souffrances et d’aider tous les êtres vivants.

Padmapani avec Manjushri et Vajrapani, Tibet, XIIe s. IId 13933, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel
Shyama Tara, Tibet, XIVe/XVe s. IId 13959, collection G.W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Outre les bodhisattvas masculins, il existe également des bodhisattvas féminins auxquels faire appel en fonction de la situation. Ainsi, Shyama Tara, la Tara verte, apporte un soutien actif dans toutes les circonstances de la vie. Elle s’est probablement développée à partir d’une étoile utilisée pour la navigation terrestre le long des routes de la soie. Elle oriente désormais vers la voie de l’illumination.

Bouddha Maitreya, Tibet, IXe/Xe s. Métal jaune, argent © Museum der Kulturen Basel, IId 13895, collection G.W. Essen, achat 1998

Le bodhisattva Maitreya est le Bouddha du futur. Selon le calendrier considéré, cela se produira au plus tôt dans 500 ans. C’est le seul qu’on représente en position assise, ses deux pieds touchant le sol. Ses mains esquissent le geste de l’enseignement.
Selon la tradition bouddhiste, le Bouddha Shakyamuni n’était ni le premier ni le dernier bouddha. Ses prédécesseurs et ses successeurs sont décrits dans une chronologie comme les bouddhas du passé, du présent et du futur.

Vajrayana – le Véhicule du Diamant pour la libération

La tradition du bouddhisme Vajrayana est apparue au milieu du premier millénaire par l’intégration de techniques rituelles dans le bouddhisme Mahayana.

« Appuie-toi sur des enseignants authentiques, qui ont la connaissance et font preuve de compassion. »

Dschetsün Gampopa Cité de : Dschetsün Gampopa, Die Kostbare Girlande für den höchsten Weg, 1999, Berlin : Theseus

Mouvement religieux apparu au milieu du premier millénaire dans le nord-est de l’Inde, le tantrisme a marqué le bouddhisme Vajrayana. Caractérisé par de nombreux rituels, ce chemin vers l’illumination nécessite l’enseignement de professeurs spirituels. L’enseignement tantrique a influencé à la fois l’hindouisme et le bouddhisme. Ses techniques et les rituels transmis doivent aider à atteindre un état de conscience supérieur.

Padmasambhava avec ses compagnes spirituelles, Tibet, XVIIe s. IId 14009, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le maître tantrique Padmasambhava avait beaucoup d’élèves. Deux d’entre elles sont devenues ses compagnes spirituelles, souvent représentées avec lui. Padmasambhava est le fondateur de l’enseignement bouddhiste au Tibet et dans les pays de l’Himalaya. Au VIIIe siècle, il arriva au Tibet chevauchant une tigresse, vainquit les démons qui y vivaient et fit construire le premier monastère bouddhiste.

vajra et ghanta , Tibet, XVIIe s. IId 14093, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Dans le Vajrayana, les rituels indiquent la voie pour atteindre l’illumination. La cloche et le sceptre de diamant – le vajra – soutiennent les actes rituels. La récitation de mantras, la méditation et la visualisation des divinités aident à atteindre le bodhicitta , l’état de conscience illuminée.
La pratique rituelle transforme les poisons mentaux, les caractéristiques négatives, en médecine. Contrairement au Theravada et au Mahayana, l’illumination peut même théoriquement être atteinte en une seule vie – bien que cela n’ait aucune importance pour la plupart des pratiquants.

  • Oval Copy

    Le Grand Cinquième

    Ngawang Lobzang Gyatso, le 5e dalaï-lama, Tibet, XVIIIe s. IId 13816, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

    Les lignées de réincarnation et les renaissances conscientes de maîtres religieux sont une particularité du Vajrayana . On les trouve au Tibet, au Bhoutan, au Japon et en Mongolie. Une réincarnation est la renaissance consciente d’un être illuminé dans un corps humain. La lignée de réincarnation la plus connue est celle des dalaï-lamas, considérés comme les incarnations humaines du Bodhisattva Avalokiteshvara.

    Oval Copy

Dans le bouddhisme Vajrayana, l’état d'éveil se manifeste sur trois niveaux hiérarchisés, le trikaya . Au niveau inférieur apparaissent les bouddhas terrestres. Tout le monde peut les rencontrer. Parmi eux, figurent le Bouddha historique Shakyamuni et le futur Bouddha Maitreya.
Le deuxième niveau comprend les cinq bouddhas transcendants. Ils ne sont soumis ni au temps ni à l’espace, représentent la sagesse et la libération et ne sont perceptibles que dans la méditation.
Au plus haut niveau, le Bouddha original est l’incarnation de la réalité absolue, qui ne peut être vécue qu’au moment de l’illumination.

Tibet, XIVe s., IId 13881, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Akshobhya, l’Imperturbable. Il incarne l’indestructibilité de l’illumination

Tibet, XVIe s., IId 13883, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Ratnasambhava, celui qui est né du Joyau. Il incarne l’accomplissement des souhaits

Tibet, XVe s., IId 13882, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Amitabha, la Lumière infinie et de la Sagesse absolue

Tibet, XVe s., IId 13884, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Amoghasiddhi, le Succès infaillible

Tibet, XIVe/XVe s., IId 13879, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Vairocana, l'Illuminateur. Il incarne l’omniscience.

Tibet, XIVe s., IId 13881, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Akshobhya, l’Imperturbable. Il incarne l’indestructibilité de l’illumination

Tibet, XVIe s., IId 13883, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Ratnasambhava, celui qui est né du Joyau. Il incarne l’accomplissement des souhaits

Tibet, XVe s., IId 13882, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Amitabha, la Lumière infinie et de la Sagesse absolue

Tibet, XVe s., IId 13884, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Amoghasiddhi, le Succès infaillible

Tibet, XIVe/XVe s., IId 13879, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Vairocana, l'Illuminateur. Il incarne l’omniscience.

Tibet, XIVe s., IId 13881, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Akshobhya, l’Imperturbable. Il incarne l’indestructibilité de l’illumination

Tibet, XVIe s., IId 13883, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Ratnasambhava, celui qui est né du Joyau. Il incarne l’accomplissement des souhaits

Tibet, XVe s., IId 13882, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Amitabha, la Lumière infinie et de la Sagesse absolue

Tibet, XVe s., IId 13884, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Amoghasiddhi, le Succès infaillible

Tibet, XIVe/XVe s., IId 13879, collection G.-W. Essen, achat 1998 © Museum der Kulturen Basel

Le Bouddha transcendant Vairocana, l'Illuminateur. Il incarne l’omniscience.

Le Bouddha transcendant Akshobhya, l’Imperturbable. Il incarne l’indestructibilité de l’illumination

Les bouddhas transcendants se caractérisent par une couronne à cinq feuilles, des bijoux somptueux et des vêtements précieux. Cela exprime leur omniprésence et indique qu’ils ne sont plus soumis aux lois du temps et de la fugacité.

Un moine demanda à Yuanwu Kequin : « Qu’est-ce que Bouddha ? »
Yuanwu répondit : « La bouche est la porte du malheur. »

Le bouddha intérieur

Le bouddha intérieur

Une représentation de bouddha n’a pas de fonction décorative. C’est un support pour la méditation et un outil pour atteindre l’illumination. On le laisse derrière soi lorsqu’on est arrivé au bout du chemin.

L’illumination ne peut être représentée. Dans le bouddhisme zen japonais, qui s’appuie sur le Mahayana, on se sert de la calligraphie comme méthode d’éducation de l’esprit. Les œuvres picturales qui en résultent expriment la pratique spirituelle tout en montrant comment se déploie l’esprit éclairé du pratiquant.

« Connaître et maîtriser le chemin de l’illumination revient
à connaître et maîtriser son vrai soi.
Connaître et maîtriser son vrai soi,
signifie s’oublier soi-même.
S’oublier soi-même,
veut dire faire un avec l’univers tout entier. »

Maître zen Dogen Zenji (1200-1253) Fabrice Müller, Der Erleuchtung ist es egal, wie man sie erlangt, dans : natürlich, Ausgabe 3/2020, www.lasalle-haus.org
Kensho – reconnaitre sa propre nature de bouddha © Journal intime d’un disciple Zen, texte et dessins de Sato Giei, Pfullingen : Neske 1988

Les koans japonais, les anecdotes et dictons paradoxaux exercent notre esprit pour le conduire à l’illumination. Les messages ne peuvent être saisis par la pensée ou la logique, mais seulement par l’intuition.

« Si tu croises un bouddha sur ton chemin, tue-le. »

Ou essaye peut-être …

Ou essaye
peut-être ...

… une méditation à proximité immédiate d’un grand nombre de bouddhas ! Quelques minutes de méditation par jour suffisent pour améliorer la concentration et réduire le stress. La station de méditation de l’exposition permet de s’y essayer : afin d’amener les pensées au repos et d’en interrompre le flux constant, il est utile de prendre conscience de l’inspiration et de l’expiration. Une posture droite et un environnement calme t’aideront également. La méditation s’entraîne comme le vélo – une pratique régulière permet de la maîtriser.

Bouddha Shakyamuni avec des offrandes, Sri Lanka © Peter Thiele, Berlin